House of VHS, un film de Gautier Cazenave
30 mars 20171. Gautier, tu as un parcours un peu étonnant. Tu étais dans la banque, et maintenant tu fais ton cinéma, quelle drôle d’idée…
Quelle drôle d’idée d’avoir été dans la banque, surtout ! Je fais des films depuis le lycée, j’ai simplement mis quinze ans avant d’oser en faire un métier. Entre-temps, j’ai eu plusieurs boulots dans différents domaines, et je considérais toujours que mes journées commençaient au moment où je sortais du bureau. On ne peut pas passer une vie entière dans cette configuration.
En 2011, j’ai donc créé Marteau Films Production avec Jean-Noël Georgel… quinze ans après notre premier film au lycée.
2. House of VHS est ton premier long métrage, Pourquoi un film d’horreur?
J’ai toujours été naturellement porté vers le cinéma de genre : horreur, western, aventure, science-fiction. En fin de compte, on raconte les mêmes histoires quel que soit le genre ou le médium, mais le genre apporte des codes et des figures imposées qui structurent le récit. C’est l’équivalent filmique du sonnet ou de la valse.
Mais inexplicablement, le système cinématographique français évite soigneusement les films de genre : le CNC (Centre National du Cinéma) a même publié un ouvrage supposé exhaustif intitulé « le cinéma fantastique en France« , qui annonce dès la première page les dates 1897-1982. Naissance et mort. C’est la raison pour laquelle House of VHS, comme les autres films que nous préparons, est en anglais, pour qu’il puisse se faire une place dans d’autres pays.
3. Comment s’est passé le tournage ? Tourner avec une équipe réduite,
ce n’est pas trop dur ?
J’ai déjà fait plus réduit ! Mais oui, une équipe composée de deux personnes à l’image, d’une seule au son, et de deux à la régie, c’est considéré comme lilliputien pour un tournage de long métrage. On est obligé d’être rigoureux et efficace, et de faire un certain nombre de sacrifices. Sur le plan de travail d’origine, j’avais prévu un paquet de plans pour chaque scène, et il a fallu réduire ce nombre de moitié presque systématiquement. C’est le résultat d’une durée du tournage très réduite (à peine 12 jours) et d’une équipe minimum : on pouvait rarement tourner à deux caméras, parce que l’ingé son ne pouvait pas prendre les voix de tous les acteurs en même temps. On a quand même pu tourner deux scènes à trois caméras, ce qui a fait gagner du temps.
Le recrutement de l’équipe a commencé avec le chef opérateur : j’avais repéré deux courts métrages dont j’aimais bien l’esprit et la photo, « Zombinladen » et « Paris by Night of the Living Dead« , et il me paraissait intéressant de contacter les chefs opérateur. Il se trouve que c’était le même : François Reumont !
Il a accepté de faire partie de l’aventure, et nous avons recruté son assistant Yoann Morel en passant une annonce : Yoann a non seulement été en charge de la mise au point pendant les prises mais aussi de l’installation des lumières, il était cadreur lors des scènes tournées à deux caméras, et il va probablement travailler sur l’étalonnage en post-prod. Au son, Yohan Piaud s’est révélé particulièrement ingénieux et efficace, et son professionnalisme est loué aujourd’hui par le monteur.
A la régie, qui n’est pas la tâche la plus rigolote (transport, nourriture), il y avait mon partenaire Jean-Noël Georgel, et Jackson Pascal, qu’on a contacté tardivement pour rejoindre le projet. L’évocation de l’équipe ne serait pas complète sans citer ceux qui ont travaillé avant et après le tournage : ma femme Lucie ne m’a pas seulement soutenu moralement, elle a dessiné des pages de storyboard, s’est occupé des costumes avec les comédiens, a préparé de la matière pour des effets spéciaux qui n’ont malheureusement pas (encore) servi ; Emmanuel Lenain nous a aidé à faire des repérages et a fait plusieurs allers-retours jusqu’au tournage, prêtant notamment sa voiture pour un travelling ; Pierre Brucelle nous a sauvé la vie en pourvoyant le transport du retour ; et l’équipe de post-production actuelle comprend le compositeur Matthieu Huvelin, avec qui je travaille depuis huit ans, et le monteur Brice Gauthier qui est récemment devenu chef monteur de l’émission de France 5 « On n’est pas que des cobayes« .
4. Bon, et ce House of VHS, ça parle de quoi ?
Six étudiants partent en vacances dans une maison abandonnée, avec de la bière et l’intention de s’amuser… ils trouvent un magnétoscope et une pile de cassettes vidéos, et vont vite comprendre que l’univers des VHS déborde sur le leur.
Le format VHS possède aujourd’hui une mystique incroyable : équivalent miniature de la boîte qui contient une bobine de film, la cassette vidéo renferme un monde entier : nanar obscur à l’image tremblotante, juxtaposition de bandes-annonces mal doublées, vieilles publicités enregistrées dans les années 80, etc.
Personne ne clame que la qualité d’image de la VHS était meilleure, mais son mode de fonctionnement en faisait un objet plus intime, plus personnel que le DVD ou le Blu-ray. C’est de cette constatation que le film est parti. Si le sujet titille votre fibre nostalgique et que vous voulez le soutenir, c’est d’ailleurs possible via indigogo : http://igg.me/at/house-vhs-fx
5. Parlons donc un peu de ce crowdfunding, si tu devais convaincre quelqu’un de participer, qu’est-ce que tu lui dirais ?
D’aller voir la bande-annonce, et de se demander s’il a envie de soutenir un cinéma indépendant, un cinéma de genre français qui ne peut exister que grâce à la passion des amateurs de fantastique. Louis la Brocante n’a pas besoin de crowdfunding, nous si ! Je remets le lien ? Allez : http://igg.me/at/house-vhs-fx
6. Merci Gautier de toutes ces précisions, et bon courage !
C’est moi qui te remercie